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© Jean-Louis Gonterre

 

 

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cahier numéro 3

Je ne suis pas le photographe des choses ou des événements extraordinares. Pour moi, le quotidien est assez fabuleux pour me donner matière à photographier. C'est la raison pour laquelle depuis de nombreuses années, je photographie la pomme de terre. Son extrême banalité m'a séduit un jour de l'automne 1994.

Dès les premières photos, j'ai supprimé tout aspect anecdotique, toute référence à la terre. J'avais une idée phare : traiter la pomme de terre comme une sculpture, un objet d'art. Ainsi, je suis parti pour un long voyage, à la découverte de la sensualité des courbes, du mystère des creux, de la lumière caressant une peau lisse, tendue, fripée, salie. La première série voyait le jour : les variétés. C¹est une débauche de formes, de couleurs, de prénoms féminins, et aussi, de nombreuses rencontres avec les producteurs, que ce soit sur les marchés ou dans les fermes.

Puis les pommes de terre ont pris leur autonomie et m'ont imposé leur histoire que j'ai dû mettre en forme : les surréalistes, les couples, les enfermements, les identités, les ludiques, etc. Et tout en faisant des photos, on se pose des questions, car la pomme de terre est avant tout un aliment, c'est même le quatrième aliment de base pour l'humanité, après le riz, le maïs et le mil.

Ainsi la pomme de terre paraît bien insignifiante, mais pourtant grâce à elle nous pouvons nous poser les questions essentielles, sur le type de nourriture que nous consommons, avec quelle saveur. Quel type de société sommes-nous prêts à accepter ou à refuser ? Ou à inventer ?

Jean-Louis Gonterre Octobre 1998 - Février 2002